Chasse à Pictou annulée, mais la chasse scientifique sur Brion obtient l’autorisation officielle du gouvernement
Étant donné les difficultés d’assurer le bateau Avallon Voyager qui est muni d’une coque en fibre de verre pour naviguer dans les glaces, l’expédition de chasse aux phoques gris du capitaine Denis Éloquin à Pictou Island, est finalement annulée.
Ce sera donc le premier hiver depuis fort longtemps où le capitaine Éloquin ne partira à la chasse, puisque son navire d’acier, le Jean-Mathieu, sera toujours en cale sèche en mars au moment de la chasse aux phoques du Groenland, qui sera d’ailleurs soumis à l’impératif d’une formation de banquise dans le golfe d’ici là.
La sortie de chasse à Pictou visait une capture d’au moins deux mille bêtes destinées à la boucherie Côte-à-côte et à l’entreprise de commercialisation et de distribution de produits du phoque, SeaDNA.
Bien que la demande soit calme en temps de pandémie, le propriétaire de la boucherie, Réjean Vigneau, estime qu’il pourrait manquer de viande conservée depuis l’an dernier.
Il prévoit cependant chasser quelques phoques gris adultes du côté du Corps-mort, en avril ou en mai, pour tenter de palier à une éventuelle rupture de stock en 2021.
Il ne prévoit toujours pas s’approvisionner en viande à partir des 200 phoques qui seront chassés cette semaine sur l’Île Brion par l’escouade du capitaine Jonathan Vigneau dans le cadre de la première chasse commerciale sous observation scientifique, qui a obtenu le feu vert officiel d’Environnement Québec la semaine dernière.
Selon le directeur de l’Association des chasseurs de phoque Intra-Québec (ACPIQ), Gil Thériault, le gras récolté à Brion sera stocké par l’usine Total Océan en attendant l’arrivée du distillateur moléculaire qui lui permettra, à terme, de produire une huile riche en Oméga-3 destinée à l’industrie pharmaceutique.
On se servira aussi des carcasses de Brion pour une nouvelle batterie de tests préliminaires au calibrage de l’équipement attendu d’ici juin.
Quant à la viande des animaux chassés à Brion, elle ira surtout aux chasseurs pour leur propre usage puisqu’il était trop tard pour obtenir une dérogation du ministère de l’Agriculture, des pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) qui aurait permis de vendre la viande sauvage à quai, sans passer par l’abattoir:
Gil Thériault souligne toutefois que les démarches administratives sont en cours afin de l’obtenir et demeure optimiste en citant l’exemple la viande de caribou et de celle du lièvre que les chasseurs ont le droit de commercialiser directement auprès des particuliers :
Le protocole d’entente pour la chasse sur Brion du ministère québécois de l’Environnement autorise l’escouade de sept chasseurs, qui s’y rendra dès que la météo le permettra à bord du Capitaine William, à utiliser un véhicule tout terrain sur les plages d’Anthony Nose.
Les impacts de la chasse de type commerciale sur l’écosystème dunaire de la réserve écologique seront observés par deux biologistes de l’Université Laval, dont le professeur Stéphane Boudreau qui supervise l’étude commandée par le ministère de l’Environnement afin de documenter l’ensemble des impacts de la colonie de phoques gris sur la faune et sur la flore de Brion.