La réfection du port de Cap-aux-Meules devient la nouvelle priorité des Îles auprès d’Ottawa
Le Regroupement des usagers, la Communauté maritime des Îles, la CTMA, les pêcheurs de crabe des neiges et les industries de transformation ont profité du passage de la députée fédérale aux Îles afin de demander formellement un plan d’action fédéral pour la mise à niveau des installations du port de Cap-aux-Meules.
En conférence de presse vendredi aux côtés de la députée régionale et ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, le milieu a concrètement formulé quatre grandes demandes.
Retirer le port de Cap-aux-Meules du programme de dessaisissement des quais
Tout d’abord, le port de Cap-aux-Meules doit être retiré de la liste du programme fédéral de transfert des installations portuaires (PTIP).
En 2015, la ministre conservatrice des Transports, Lisa Raitt, avait affirmé comprendre les particularités du territoire tout en refusant la demande du maire Jonathan Lapierre, à l’époque, de retirer le port et ses installations commerciales et industrielles de la liste du programme de transfert.
Une manifestation des usagers madelinots avait même été organisée pour contester le désengagement d’Ottawa dans la gestion du port névralgique et multiusage de Cap-aux-Meules.
En campagne électorale la même année, la candidate libérale et aujourd’hui ministre, Diane Lebouthillier, avait notamment affirmé qu’Ottawa devait faire marche arrière dans le dossier et renoncer à transférer la propriété du port à d’autres intérêts.
Elle a fait remarquer que son gouvernement n’est jamais allé de l’avant avec un transfert de propriété, mais elle reconnaît que d’autres priorités ont relégué à l’arrière-plan le retrait du port madelinot du programme fédéral.
Selon les acteurs locaux et selon la députée Lebouthillier, en retirant les installations portuaires du programme de transfert, Ottawa confirmerait un engagement à réinvestir sérieusement dans la mise à niveau de ses infrastructures portuaires madeliniennes.
Un nouveau plan directeur avec des engagements et des échéanciers
La deuxième revendication du milieu consiste à ce qu’Ottawa annonce d’ici la fin de la présente session parlementaire, à la fin juin, la confirmation d’un début des travaux de discussions qui mèneront ultimement à la rédaction d’un nouveau plan directeur du port de Cap-aux-Meules.
Le maire Lapierre rappelle que le dernier plan de 2004 comportait des engagements financiers et de travaux qui ont été respectés par le gouvernement fédéral et qu’il est temps de renouveler l’exercice afin d’en arriver avec une nouvelle mouture d’ici l’automne 2022.
Il précise que le plan directeur devrait être rédigé en collaboration avec les membres du comité directeur incluant des représentants des principaux utilisateurs et partenaires socio-économiques locaux comme la CTMA, les industriels, les pêcheurs et la Communauté maritime.
Il laisse toutefois le soin à Transports Canada de déterminer les membres d’un éventuel comité de gestion du port, mais il espère que le ministère dévoilera un échéancier préliminaire des travaux de discussions pour la réalisation du nouveau plan qui pourraient s’amorcer aussi tôt que l’automne prochain:
Des travaux d’entretien d’urgence pour éviter la répétition du scénario du printemps 2021
La troisième demande est directement liée à la fermeture partielle du quai des pêcheurs au port de Cap-aux-Meules, quelques semaines à peine avant la saison de pêche au crabe des neiges, qui a grandement perturbé les opérations aux dires des usagers.
Pour les intervenants locaux, il est hors de question qu’une telle situation se reproduise à la prochaine saison.
Ils exigent qu’Ottawa garantisse des travaux de consolidation dès l’automne prochain afin de s’assurer que les espaces d’opération et d’amarrage qui sont actuellement ouverts le demeurent pour la saison 2022.
Ayant obtenu une copie du fameux rapport d’évaluation technique sur la capacité de portance du quai des pêcheurs à Cap-aux-Meules, réalisé en novembre 2020, le maire affirme que l’ensemble du quai se trouve dans un état précaire et que d’autres fermetures de secteurs pourraient survenir à court terme si rien n’est fait pour l’éviter.
Jonathan Lapierre a même évoqué qu’advenant une autre lettre annonçant de nouvelles condamnations de portions de quai, celle-ci serait ignorée et contestée par le milieu si Transports Canada maintenait une attitude passive et laxiste dans ce dossier.
Il estime que le ministère dispose néanmoins de suffisamment de temps pour s’assurer du maintien des opérations portuaires au printemps prochain en effectuant des ouvrages de solidification dès la fin de l’été.
En finir une fois pour toutes avec le dossier de la cale de halage et de la grue portique
La dernière demande formulée par le milieu concerne le permis d’utilisation de la cale de halage, qui permettrait d’utiliser la nouvelle grue portique du Regroupement des usagers du port de Cap-aux-Meules (RUPCAM) pour des bateaux de plus de 100 tonnes.
Son président, Jocelyn Thériault, souligne que malgré l’absence d’un bail d’occupation avec Transports Canada, une firme spécialisée analyse actuellement l’état de la dalle de ciment préliminaire à la première phase de travaux qui seront nécessaires pour soulever des bateaux semi-hauturiers en acier, qui restent habituellement à l’eau durant l’hiver.
Le RUPCAM est d’ailleurs prêt à financer en partie ces travaux, qui permettraient de libérer les espaces au quai, à l’automne, pour en faciliter les ouvrages de solidification demandés par le milieu.
À plus long terme, le regroupement prévoit installer des quais éperons de chaque côté de la cale de halage afin de soulever des navires trop larges pour y entrer, comme le Ivan Quinn.
Selon Jocelyn Thériault, le tonnage et le poids des matériaux des nouveaux modèles de bateaux de pêche sont de plus en plus importants et la grue d’une capacité maximale de 300 tonnes favorisera le développement de l’industrie en conservant localement les contrats techniques de soudure et de réparation.
Il précise que les demandes de permis d’occupation ont été envoyées il y a plusieurs mois, mais que les délais administratifs s’étirent:
Sans le nouveau bail d’occupation, il est techniquement impossible d’utiliser la nouvelle grue.
Jocelyn Thériault ajoute qu’en attendant, les opérations de mise à l’eau des bateaux à Cap-aux-Meules se font toujours avec l’ancienne infrastructure vieille de 37 ans, sur une durée de vie utile estimée environ 25 ans, qui pourrait occasionner une rupture de service lourde de conséquences advenant un bris, de plus en plus probable selon lui.
Le ministre provincial de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) a récemment demandé à la ministre fédérale des Pêches et des Océans, Bernadette Jordan, de prioriser la mise à niveau de la cale de halage de Cap-aux-Meules, bien qu’elle soit sous la juridiction de Transports Canada, dans l’octroi des investissements du programme des ports pour petits bateaux à partir de l’enveloppe de 300 millions de dollars annoncée au dernier budget d’Ottawa.
Durant la conférence de presse vendredi, Diane Lebouthillier a été surprise d’apprendre que la ressources envoyée aux Îles en mars par Transports Canada n’avait pas été à la rencontre des usagers du quai qui essayaient de se relocaliser à la dernière minute et que le fonctionnaire fédéral, pourtant sur place, n’a eu aucun échange avec les Madelinots:
La députée fédérale s’est engagée à porter et à appuyer les demandes du milieu auprès du conseil des ministres à Ottawa.
Elle a d’ailleurs pris l’engagement au nom de son gouvernement que des investissements pour des travaux de consolidation seront effectués afin de s’assurer du bon fonctionnement des opérations commerciales et industrielles du port de Cap-aux-Meules au printemps 2022.