Plan d’adaptation aux changements climatiques: La municipalité des Îles consulte des communautés côtières
La Municipalité des Îles présentera à la population d’ici la fin de l’année une première version de son propre Plan d’adaptation aux changements climatiques.
Le deuxième webinaire du Forum sur l’eau, organisé par la Table de concertation régionale (TCR), fut l’occasion mercredi d’entendre des chercheurs experts, des fonctionnaires et d’autres intervenants qui ont déjà participé à des travaux similaires dans leurs communautés respectives, au Québec et au Nouveau-Brunswick.
Inclure la population en amont
Parmi les expériences partagées, l’importance d’impliquer la population dans le processus d’élaboration afin qu’elle se mobilise autour des mesures collectives de résilience contre la montée du niveau de la mer, contre l’érosion et contre la submersion côtière, est revenue de façon systématique.
Esteban Figoera du Centre d’Initiation à la recherche et d’Aide au Développement Durable (CIRADD) pour le projet de Gouvernance participative et de résilience aux changements climatiques, en Gaspésie, développe par exemple un guide de vulgarisation du cadre normatif du gouvernement québécois appliqué depuis 2016 dans l’ensemble des municipalités côtières.
Le guide inclura ultimement l’ensemble des règlements techniques selon les secteurs du territoire des MRC participantes et selon leurs juridictions, afin de démocratiser la connaissance de ce qui est permis et de ce qui est interdit aux citoyens par rapport à la lutte contre l’érosion côtière :
Un exemple de relocalisation soutenue par Québec
La municipalité des Îles n’est pas la seule à avoir embauché une ressource responsable des dossiers d’érosion à même son budget d’opération.
Géraldine Colli, chargée de projet en résilience côtière à la municipalité de Sainte-Flavie dans le Bas-St-Laurent, qui a connu un épisode de grandes marées dévastatrices pour plusieurs résidences riveraines en 2010, a présenté le Cadre pour la prévention de sinistres rédigé avec le ministère québécois de la Sécurité publique.
Le ministère y offre un financement pouvant atteindre 250 mille dollars pour 25 propriétaires de résidences à risques, situées en zones submersibles.
Les propriétaires choisissent alors d’utiliser les fonds pour défrayer les coûts d’un déplacement préventif de leur propriété dans un nouveau secteur de développement résidentiel qui leur est réservé en priorité par la municipalité.
Ils peuvent sinon profiter d’une allocation de départ qui les oblige à rétrocéder leur maison à la ville, qui la place ensuite aux enchères avec obligation de déplacer la maison du terrain classé inconstruisible.
Selon Mme Colli, cette option favorise malheureusement l’exode des résidents.
Les propriétaires admissibles ont finalement l’option de rester où ils sont, à leurs risques et périls.
La situation rappelle celle du Chemin des chalets aux Îles.
Mme Colli souligne toutefois que le cadre de prévention du ministère ne couvre que les résidences principales et non les habitations saisonnières locatives qui s’y trouvent :
Le Nouveau-Brunswick dispose d’un plan à l’échelle nationale
De son côté, le planificateur côtier au ministère de l’environnement du Nouveau-Brunswick, Robert Capozi, explique que la province dispose d’un plan d’adaptation national qui oblige les communautés à se doter d’un plan d’action qui priorise les interventions qui peuvent recevoir un financement à partir d’un fonds provincial spécifiquement dédié à la lutte contre l’érosion et contre les changements climatiques.
Il vante l’expertise des organismes à but non lucratifs du territoire, habiles sur le plan de la sensibilisation auprès de la population et qui participent à des ouvrages de protection au moyen de techniques souples, souvent plus efficaces selon lui que des travaux d’ingénierie :
Pour sa part, la directrice scientifique de la firme Valores qui présentait le plan d’adaptation de la ville de Shippagan, donnait l’exemple isolé d’un ouvrage d’enrochement comparativement à une écoconstruction durant un épisode de tempête :
Toutefois, aucune étude poussée n’a encore été réalisée pour comparer l’efficacité des techniques au Nouveau-Brunswick.
L’archipel doit se doter d’un plan sur mesure
Pour sa part le conseiller en adaptation aux changements climatiques à la municipalité des Îles, Félix-Antoine Langlois, a précisé que selon les méthodes douces ont aussi leurs limites :
Il rappelle que les citoyens doivent contacter la municipalité avant d’entreprendre des initiatives qui impliquent des travaux personnels de protection côtières pour s’assurer de leur pertinence et qu’ils ne fragiliseront pas d’autres secteurs voisins.
La Municipalité des Îles recrute actuellement les membres d’un comité de travail qui dressera la première ébauche du plan d’adaptation aux changements climatiques qui traitera aussi des impacts de la réduction du couvert de glaces, des épisodes de canicules plus fréquents et de l’augmentation des précipitations.
De l’archipel, le maire Jonathan Lapierre, le directeur de l’Aménagement du territoire Serge Bourgeois, le directeur de l’Ingénierie et des TIC Jean Hubert et le coordonnateur de la Table de concertation régionale (TCR), Jean-Matthieu Barraud, assistaient à la rencontre.