Sébaste: les pêcheurs pourront-ils rentabiliser leurs investissements ?
Les conditions associées à la réouverture de la pêche au sébaste révélées à la fin mai soulèvent plusieurs questions au sein des différentes flottilles intéressées à se lancer dans la capture du poisson rouge.
Tant chez les semi-hauturiers que les pêcheurs côtiers, plusieurs se demandent si les conditions actuelles du marché et les différentes contraintes permettront de rentabiliser les importants investissements nécessaires pour se conformer.
Participant aux pêches indicatrices depuis le début des années 2000, Denis Éloquin considère que les conditions annoncées par le ministère ne laissent «pas beaucoup de chance aux bateaux de moins de 100 pieds».
Le capitaine du Jean-Mathieu souligne que la restriction de profondeur établie à 164 brasses limiterait grandement le territoire de capture et force les pêcheurs à trouver de nouveaux fonds de pêche, ce qui s’additionnerait aux zones fermées pour la protection des coraux et des éponges.
M. Éloquin déplore aussi que la proportion autorisée de prises accessoires passerait de 5% à 1% des stocks et qu’un dépassement entraînerait la fermeture de la pêche pour l’ensemble de la flottille.
Soulignant qu’il ne croit pas que beaucoup de Madelinots se risqueront à sortir au sébaste cet été, il se dit déçu et affirme s’inquiéter pour la relève.
Les discussions entre les intervenants et le ministère sont d’ailleurs toujours en cours, ce qui a pour effet de retarder le lancement de la saison initialement prévu pour le 15 juin.
De son côté, le pêcheur Marco Turbide, qui a spécialement fait construire un bateau multipêches en vue de la réouverture, considère aussi que le marché est entièrement à refaire et que la reprise arrive trop tard.
Le San Marco VII, qui a nécessité des investissements de plusieurs millions de dollars, est équipé d’un chalut pélagique qui lui permettra de pêcher après le 1er novembre, ce qui sera interdit aux utilisateurs d’engins fixes.
Souhaitant que le marché se structure d’ici environ trois ans, Marco Turbide demeure prudemment optimiste devant cette phase d’expérimentation.
À l’instar des autres intervenants, le manque de préparation du ministère est aussi soulevé par l’Association des pêcheurs de sébaste des Îles, qui attend des directives claires pour établir un plan de match en vue de la saison.
Le regroupement milite pour des quotas fixes à chaque capitaine-propriétaire plutôt qu’une allocation par flottille pêchée de manière compétitive.
Son président, Jean-Bernard Bourgeois souligne la difficulté pour les plus petites flottilles à se faire entendre en raison des intérêts divergents autour des tables consultatives.
Pour écouter les segments présentés lors l’émission Les preuves des faits:
Avec les propos de Denis Éloquin :
Avec les propos de Marco Turbide :