L’autrice, réalisatrice et chercheuse post-doctorale Léa Clermont-Dion était de passage aux Îles pour présenter sa conférence intitulée Je suis féministe.
Celle qui est aussi mère de deux jeunes enfants est revenue sur son parcours au sein du mouvement féministe, stipulant que la prise de parole constitue pour elle un important moteur d’action.
Toutefois, elle indique subir un ressac misogyne et violent quotidien en raison de ses opinions à saveur militante et de l’espace qu’elle occupe dans la sphère publique.
Ce n’est pas d’hier que les féministes sont la cible d’attaques dégradantes, souligne-t-elle, puisque le mouvement a toujours dérangé.
Selon un rapport de 2021 de l’Economic Intelligence Unit, plus d’une femme sur trois rapporte avoir vécu de la cyberviolence tandis que 85 % de la population féminine indique avoir été témoin d’hostilité en ligne envers d’autres femmes.
Léa Clermont-Dion constate le déni et la banalisation entourant l’impact de cette problématique sur les victimes, ce qui l’a amenée à coréaliser le documentaire Je vous salue salope, paru en 2022.
En braquant la caméra sur des femmes qui évoluent dans la sphère publique, leurs témoignages sont venus mettre en lumière le spectre des agressions auxquelles elles font face sur le web.
Elle et la seconde coréalisatrice du documentaire, Guylaine Maroist, ont d’ailleurs lancé la campagne de sensibilisation « Stop les cyberviolences » afin de presser Québec et Ottawa à agir pour contrer ce fléau.
Les cinéastes demandent au gouvernement provincial que les policiers soient obligés de suivre une formation destinée à les outiller à traiter ce type de plainte, et exigent que le fédéral légifère pour que les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) retirent les contenus haineux des plateformes qu’ils opèrent.
Une pétition éponyme à la campagne a aussi été lancée et a récolté à ce jour plus de 30 000 signatures.
Pour écouter l’entrevue diffusée à l’émission Les preuves des faits: