Les homardiers madelinots qui ont participé à la pêche exploratoire du côté de l’île d’Anticosti ont connu une excellente saison… et leur lot d’apprentissages.
Au début mai, au même moment où la 150ème mise à l’eau des cages était faite autour des Îles, six pêcheurs prenaient la mer en direction de la zone 17A, la portion ouest d’Anticosti.
Le gouvernement fédéral a donné le feu à un nouvel effort de pêche exploratoire autour de l’île cette année. Sur la recommandation du milieu, les six permis de 125 casiers chacun réservés à l’archipel ont été attribués à des pêcheurs de plaise, qui s’étaient retrouvés le bec à l’eau en 2023 lorsqu’un moratoire sur la plie rouge et la limande à queue jaune a été imposé.
Le capitaine Jean-Frédérick Richard, de Grande-Entrée, était de ceux-là. Il avait acheté son permis de poisson de fond avec engin mobile actif en 2022, un an avant que le couperet ne tombe.

Jean-Frédérick Richard a dû acheter un nouveau bateau pour la pêche exploratoire (photo: CFIM)
Rencontré à bord de son nouveau bateau, le Triple Crown, il parle d’une « très très belle saison ». La ressource était abondante, il n’y avait pratiquement que des gros homards, souligne-t-il. Les femelles œuvées – communément appelées « raveuses » – étaient d’ailleurs très nombreuses dans les casiers vers la fin de la saison.
Avec plus de 100 000 lbs de crustacé débarquées à Rivière-au-Renard, Jean-Frédérick Richard se dit surpris de l’ampleur des débarquements. Selon un article de l’hebdomadaire local Le Radar, les autres participants ont enregistré des prises semblables, allant jusqu’à 150 000 lbs par bateau. La flottille a eu droit aux mêmes prix que ceux offerts aux homardiers des Îles.
La pêche exploratoire, pas sans sacrifice
La pêche a été bonne, mais elle venait avec un coût, indique-t-il.
D’abord, dans son cas, des investissements d’environ 1,1 million de dollars pour se rééquiper, sans garantie que la pêche allait être rentable ou qu’elle se poursuivrait l’an prochain.
Ensuite, un coût humain : deux mois et demi sur l’eau sans arrêt, loin de la famille, dans un contexte d’apprentissage en continu.
Selon Jean-Frédérick Richard, pêcher à Anticosti, c’était complètement différent de ce qui se fait autour des Îles. Les homards ne se trouvent pas aux mêmes profondeurs, les algues sont tellement denses que les trawls (les lignes de cages) en sont prisonniers…
Il faudra aussi continuer de s’ajuster, par exemple côté manipulation et manutention des homards. Par exemple, les crustacés franchissent une plus grande distance, soit environ 9 heures de route pour atteindre la Gaspésie si on part du sud d’Anticosti, donc le risque de pourrissement est plus grand. Si on pêche au nord de l’île, c’est 12 heures de bateau.
Pêches et Océans Canada produira son bilan de la saison exploratoire, qui a pris fin le 17 juillet, au début de l’automne.
À quelques reprises au cours des 77 jours de sorties, les participants devaient échantillonner leurs casiers : taille, sexe, présence d’œufs et stade de maturité des œufs. Ces données ont été transmises aux biologistes.
Une porte-parole du ministère nous écrit que « les résultats semblent encourageants, mais [que] plusieurs semaines sont nécessaires pour compiler et valider les données ». Elle ajoute qu’il est « trop tôt » pour déterminer si la flottille sera autorisée à retourner à Anticosti en 2026.
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